Les Etudes du Père Abbé

LA FABRICATION DE LA BIERE.

Indice : X


Longtemps la fabrication de la bière fut l'apanage des couvents.

La première relation écrite relative à sa fabrication est l'oeuvre d'un père prieur de Saint-Gall, en Suisse.

Le Mot houblon apparaît pour la première fois dans une charte de l'abbaye de Saint-Denis en 768.

Ce sont les bénédictins qui ont introduit cette âme de bière en Lorraine.

Rien qu'en Belgique, les bières d'Orval, de Rochefort, de Westmalle, de Westvleteren et de Scourmont sont cisterciennes comme à Villers.

La cervoise n'est pas, à proprement parler, la bière, telle que nous la connaissons : c'était une décoction non clarifiée et assez épaisse de céréales fermentées, avoine, épeautre (le mot braces "épautre" a donné naissance aux mots "brais", "brassin", "brasserie"), lentilles, vesces même,...

Le fait qu'on ait pu utiliser le mot dans ce sens montre bien quel devait être l'aspect de la "bière" avant que les moines s'en soient occupé pour en faire une "cervoise violente" et houblonnée, de meilleur conservation.

Les moines fabriquèrent donc de la bière ou, plus exactement en confièrent la fabrication à des spécialistes qui faisaient torréfier les céréales dans des fours spéciaux appelés torra.

C'était là un gros travail pour, au mieux, remplacer le vin.

On distinguait "bière des pères", qui était forte, et destinée aux moines (à l'exclusion des convers), et la "bière des couvents", plus faible, qui était distribuée aux moniales (les brigittines buvaient de la "petite bière").



Par la force des choses, la bière se répandit surtout dans les pays où la vigne ne prospérait pas, devenait ainsi la boisson de base des moines dont la ration quotidienne était d'un litre environ. En 1686, un rapport signale une production de 33.000 litres.

C'est un flamand, né à Pamele, en Brabant, Saint Arnould ou Arnulphe, mort en 1087, abbé bénédictin d'Oudenberg, après avoir été Evêque de Soissons, qui devint le patron des brasseurs.

Il avait constaté que les francs buveurs de bière étaient moins atteints que les autres par les épidémies.

Il n'y avait là, en fait, rien d'extraordinaire : la bière étant faite avec de l'eau bouillie ; ce qui élimine les microbes, et, grâce à l'orge et au houblon, elle est bourrée de vitamines, de dextrines et d'un tas de sels minéraux, excellents pour la santé.

Comme on le constate sur un document d'époque, en copie, l'abbaye de Villers-La-Ville brassait toujours en 1767-1768 des bières différentes (escourgeon - Epeautre et houblon) de faible densité ou de forte densité pour le quartier d'hôte, pour les domestiques et ouvriers.



En 1955, la famille Vanassche de Liezele a entrepris la fabrication artisanale de trois bières d'abbaye, soit la "Triple Villers" une blonde, la "Double Villers" blonde et la "Vieille Villers" brune.

Actuellement, la brasserie HUYGHE à Melle, brasse encore deux bières, la "Triple Villers" qui est une blonde de 8° et la "Vieille Villers", une brune de 7° .



Bibliographie des études
  • "Abbaye de Villers-La-Ville de l'ordre de Citeaux", Description des Ruines avec plans et dessins, Ch. LICOT & E. LEFEVRE, 2ème éd. 1883, Librairie Polytechnique - Bruxelles.
  • "Description des Ruines de l'Abbaye de Villers", Nouvelle éd., G. BOULMONT, 1907, Maison Victor DELVAUX - Namur.
  • "L'ordre de Citeaux en Belgique. Des origines (1132) au XXème Siècle", D. Joseph-Marie CANIVEZ, Forges Lez-Chimay, 1926.
  • "La vie quotidienne des Religieux au Moyen-Age", L. MOULIN, Hachette, 1989.
  • Haut de page