Les Etudes du Père Abbé

LES HOSTIEUX MOINES DE L'ABBAYE DE VILLERS-EN-BRABANT.

Indice : VIII


Pendant des siècles les hôtels-Dieu, les hospices, les hôpitaux, les hostelleries furent le monopole des communautés religieuses.

Il faut y joindre les pharmacies, les drogueries et les distilleries, sans oublier les léproseries ou maladeries.

Les abbayes accueillent aussi des soldats, vétérans, invalides, qui jouissent d'un bénéfice désigné sous le nom de "pain de l'oblat", ou "pain de l'abbé".

Ou encore, des vieux ménages qui, en échange de leurs biens, recevront, leur vie durant - c'est à l'origine de nos rentes viagères - de quoi subvenir à leurs besoins : par exemple, tous les jours, une miche conventuelle, deux pains "mitoyens", un gallon (4 litre) de cidre, de bière ou de la boisson de frères, un plat de viande trois fois par semaine, et les autres jours, six oeufs.

Pour se mettre à l'abri des contre-coups de l'existence, l'abbaye était le meilleur des refuges.

Un dictons médiéval disait : "Il fait bon vivre sous la crosse des abbés."

A l'abbaye de Villers, dès 1212, à l'emplacement du nouveau Palais abbatial construit sous le règne de l'Abbé Jacques HACHE en 1720, il existait déjà une hostellerie.

La nouvelle et élégante construction de la Renaissance comprenait plusieurs salles de réception et un réfectoire destinés aux hôtes illustres que Villers recevait en grand nombre.

En fait, selon Saint-BENOIT, il fallait savoir recevoir et loger les hôtes d'où l'utilité d'une hostellerie laquelle était desservie par le Père Hôtelier et les Hostieux (dérivant des Hôteliers) moines.

Ceux-ci servaient tous les produits de bouche fabriqués dans leurs propres exploitations et notamment le pain, la bière, le vin, le fromage, le vinaigre, les pâtisseries etc...

L'actuel "Hôtel des Ruines", un restaurant, appartient à la Région wallonne tandis que le coeur de l'Abbaye est sous la tutelle de l'Etat Fédéral.

Au XIIème siècle, un moulin à huile existait déjà en ce lieu. Il était la propriété du Seigneur de Mellery qui le céda aux moines. Selon toute vraisemblance, la communauté l'utilisa comme quartier provisoire au moment de leur arrivée. L'aspect de la construction fut considérablement modifié et altéré, lors de sa transformation en hôtel, par l'adjonction d'un second étage.

Ce bâtiment abritait un moulin à grain qui travaillait le blé pour la boulangerie et l'orge pour la brasserie plus un moulin à huile, et un moulin à scier le bois et la pierre.

En outre, on y trouvait la boulangerie. La vaste cheminée de deux mètres de profondeur sur trois de largeur, desservait donc deux fours, permettant la cuisson de 250 pains; elle est encore intacte, dans une salle aux superbes voûtes romanes actuellement dénommée "cave romane".

Les moines avaient aussi un immense verger, qui est devenu une prairie, dans lequel on y trouvait des plantes médicinales différentes espèces d'arbres fruitiers et notamment des pommiers d'où ils tiraient du vinaigre. Comme les moines, depuis 1990, un groupe de villersois récolte jusqu'à 6.000 litres de vin chaque année.

Les moines possédaient encore aux endroits actuels des deux parcs de stationnement, un vivier et un potager.

Le vivier fut abandonné après la fermeture de l'abbaye en 1900, et

remblayé avec tous les débris retirés du monastère lors de sa restauration.

Entre les deux parcs, on remarque le reste de la digue de retenue.

Les cartulaires de l'abbaye mentionnent l'existence de nombreuses "pitances" , plat extraordinaire servi certains jours, grâce au produit d'aumônes spécifiques.

Ce plat ajouté est, dans la plupart des cas, du poisson.

Le potager était grand, ce qui n'est guère surprenant compte tenu de l'importance de la communauté et de la prépondérance des légumes dans l'alimentation des moines. Il est établit à l'ouest du cours naturel de la rivière "La Thyle" dont une partie des eaux est prélevée en amont, afin de former un bief pour le moulin.





Bibliographie des études
  • "Abbaye de Villers-La-Ville de l'ordre de Citeaux", Description des Ruines avec plans et dessins, Ch. LICOT & E. LEFEVRE, 2ème éd. 1883, Librairie Polytechnique - Bruxelles.
  • "Description des Ruines de l'Abbaye de Villers", Nouvelle éd., G. BOULMONT, 1907, Maison Victor DELVAUX - Namur.
  • "L'ordre de Citeaux en Belgique. Des origines (1132) au XXème Siècle", D. Joseph-Marie CANIVEZ, Forges Lez-Chimay, 1926.
  • "La vie quotidienne des Religieux au Moyen-Age", L. MOULIN, Hachette, 1989.
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